Face à la gare de Sète, France, petite ville au sud de la France, un bar. A gauche un hôtel social, à droite une boulangerie. Pas de vitrine aguichante ou d’enseigne menteuse, juste une façade modeste et une enseigne un peu piteuse : « Le Zanzibar ». A l’intérieur, un lieu chaleureux, comme le sont parfois les bars où les habitués viennent tromper leur ennui et échapper à une vie de monotonie et de solitude. Plus un centimètre carré de libre sur les murs où alternent trophées et vieilles photos. Et puis, il y a Zaza, la patronne, l’âme du lieu et infatigable organisatrice de soirées en tous genres : de magie, costumées, transformistes
Zanzibar club, un café de Sète au sud de la France situé près de la gare. On y organise des soirées de voyance, des concerts de jazz, du cabaret…Caracas, un vieux bonhomme à la santé fragile qui a trouvé en la magie un refuge. Aucune de ses soirées n’est payante, c’est le partage entre les gens, et on partage l’ironie de la vie, on se marre de tout et on oublie les soucis du jour.
J’ai choisi ce sujet à cause de la singularité de l’endroit. Ce bar est une véritable vitrine de la société, toutes sortes de gens, de catégories sociales se confondent et se rencontrent. Dans  ce petit espace où les culottes restent toujours au plafond, il y a une ambiance vraiment particulière. C’est la patronne qui donne le ton et grâce à elle que ces images ont ce côté très visuel. Au commencement du travail, je suis arrivé là tel un inconnu, aujourd’hui je repars avec des amis. Ce fut un long travail d’immersion. Et pour exploiter un tel espace qui n’offre que deux ou trois points de vue, il faut pouvoir se rendre invisible et cela nécessite donc d’y passer beaucoup de temps. La difficulté est de vite tourner en rond, l’attente est très longue, mais cela fait partie de la démarche documentaire d’un photographe. Ce sujet met en lumière un bousculement des statuts sociaux, un effacement des frontières entre les gens. Quand la nuit tombe au Zanzibar, on oublie qui l’on est, on oublie sa journée, tout devient possible et la fantaisie de la personne peut alors se révéler. Le tout dans une atmosphère très amicale. Le Zanzibar devient alors une microsociété où la différence a toute sa place. C’est un mix qui ne pourrait pas se faire ailleurs. En tant qu’immigré bulgare, j’ai un certain point de vue extérieur qui me permet de photographier à l’intérieur. Mon point de vue sur la France est nourri par mon passeport étranger et j’ai un recul nécessaire pour travailler. J’étais étranger et inconnu au début de ce travail d’immersion photographique, je fais partie aujourd’hui du paysage du Zanzibar, toujours à la recherche de l’inattendu. »

Télérama : publié le 01/04/2017
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