Il était une fois, Grandcamp-Maisy, petite ville de Normandie habitée par les figures fantômatiques des plages du débarquement et de nombreux naufrages, à l’allure d’un conte où seule la nuit annonce la lumière. Nocte Intempesta…à une heure de la nuit étrangère, des personnages énigmatiques livrent un monde suscitant l’inquiétante étrangeté. Est-ce bien un réel qui se dévoile à nos yeux et réveille l’angoisse, ou une illusion rendue par les artifices du clair-obscur auxquels on se laisse volontiers prendre ? Fascination et frayeur se côtoient et donnent à voir une nuit profonde à laquelle on ne peut échapper. Celle-ci nous retient  sous l’effet d’un effacement des frontières entre la réalité et la fantaisie.
 Tous les objets sont là pour révéler ce qui ressort de l’effrayant, ce qui paraît  presque fantomatique : les collections insolites, des animaux inanimés, des ombres et des auras où l’image du double vient envahir toute la scène. Ces créatures, à l’instar des automates, n’auraient-elles pas par hasard une âme ? L’incertitude dans ce que l’on croyait imaginaire et qui devient réel nous fait basculer dans l’épouvante et l’effrayant. Et parfois, dans cette nébuleuse fantasmagorique, l’amorem entre deux êtres nous dérobe.
Tous les objets élévés à la dignité de la Chose ne sont-ils pas là pour confesser les énigmes de leur seigneur ? Qui est le maître de la partie ? Dans ce trompe l’œil, le doute s’installe.
Le crépuscule nous précipite dans le monde magique de l’animisme peuplé d’esprits anthropomorphes. On dirait un monde enfantin dans lequel  marionnettes, poupées et miroirs prennent vie, l’imaginaire couvrant le réel. Alors, les formes de surperstitions se livrent sans retenue. La toute puissance des pensées nous tend bien des pièges à regard.
Cet angoissant est quelque chose qui est familier de tout temps et qui est devenu étranger que par le rejet dans l’ombre. Croyances et présages jaillissent ainsi des ténèbres par cette impression d’inquiétante étrangeté. Le rêve éveillé ne dure qu’un temps.

Nocte intempesta, là où les histoires tragiques  hantent toujours ses terres.
Nocte intempesta, là où tout ce qui aurait dû rester dans le secret, dans l’ombre, en est sorti (Freud).

    Géraldine Casinos, analyste

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